Sur les pas d’Henri Matisse à travers la France

Avant de devenir l’un des grands maîtres de l’art du XX^e siècle, Henri Matisse a grandi près de Saint-Quentin, à Bohain-en-Vermandois, où sa famille exploitait un commerce de grains. La modeste maison familiale est aujourd’hui ouverte à la visite. Elle offre un regard unique sur ses premières influences : c’est ici que Matisse découvre les étoffes locales et le goût des couleurs, qui marqueront durablement son œuvre. Elle permet aussi d’entrevoir l’enfance de Matisse, entre labeur familial et premières explorations artistiques.

Paris a toujours été une étape cruciale pour les artistes de l’art moderne et Matisse n’échappe pas à la règle ! Dans la capitale, il fréquente l’École des Beaux-Arts entre 1892 et 1897 et fait ses débuts dans l’atelier de Gustave Moreau. Il rencontre les peintres qui formeront avec lui le groupe des Fauves (comme André Derain ou Albert Marquet), mouvement qui bouleversera l’art moderne par ses couleurs vives et ses formes libres. Pour s’initier à cette œuvre révolutionnaire, une halte au Centre Pompidou s’impose : le musée national d’Art moderne possède une très riche collection de peintures et sculptures de Matisse, retraçant l’évolution de son style, de ses inspirations néo-impressionnistes à ses explorations fauves.

Un détour au musée de l’Orangerie, dans le jardin des Tuileries, permet de découvrir d’autres créations majeures de l’artiste, dont plusieurs peintures des années 1920, aux côtés de ses contemporains. Ici, le peintre dialogue avec les Nymphéas de Monet et d’autres chefs-d’œuvre du début du XX^e siècle. Un bel éclairage sur sa quête incessante de lumière et de couleur.

Le musée des Beaux-Arts de Lyon possède aussi une collection significative de Matisse. Ici, on découvre des tableaux de sa période fauve et quelques-uns de ses fameux papiers découpés, technique développée par l’artiste dans les dernières années de sa vie. La scénographie du musée met bien en valeur l’œuvre du peintre, dans un dialogue constant avec d’autres modernes, comme Pablo Picasso et Fernand Léger. Depuis 2021, le musée possède son ultime huile sur toile, Katia à la chemise jaune (1951), caractéristique de son style tardif.

À quelques kilomètres de Nice, sur les hauteurs du pays Grassois, la ville de Vence abrite l’une des réalisations les plus singulières de Matisse : la chapelle du Rosaire. Conçue entre 1947 et 1951, cette petite chapelle dominicaine aux tuiles bleues et blanches est souvent vue comme l’aboutissement de sa recherche esthétique. « Je la considère, malgré toutes ses imperfections, comme mon chef-d’œuvre », disait Matisse. Et quel chef-d’œuvre ! Les vitraux, les fresques, le mobilier et même les chasubles, tout a été conçu par l’artiste. Discret et intime, l’espace illustre une certaine quête de simplicité, tout en consacrant la couleur bleue, si chère à Matisse à la fin de sa vie.

C’est à Nice que Matisse trouve, dès 1917, son véritable foyer artistique. Il y séjourne jusqu’à sa mort en 1954, séduit par la lumière de la Côte d’Azur qui baigne ses aplats de teintes éclatantes. Là, sur les hauteurs de Cimiez, vous arpentez avec bonheur le musée Matisse : logée dans une belle villa génoise du XVIIe siècle, l’institution expose l’une des plus vastes collections de peintures, dessins, sculptures et papiers découpés de l’artiste. Un peu plus bas, l’ancien hôtel Régina, où Matisse a vécu de nombreuses années, évoque son quotidien méditerranéen et les heures passées à capter la lumière toujours changeante du littoral et de l’arrière-pays niçois.